Lecture/littérature française

Dolorès ou le Ventre des chiens – Alexandre Civico

Dolorès ou le Ventre des chiens – Alexandre Civico

Actes Sud / 2024 / 19,90€

Quatrième de couverture :

« Je ne suis rien. Je n’ai pas été violée, je n’est pas été abusée, je n’ai pas eu faim. Vous pensez qu’il faut avoir été violée pour porter le viol, abusée pour ressentir l’abus, avoir eu faim pour être assourdie par le cri des ventres creux ? »

C’est la fin d’une traque. Dolorès Leal Mayor vient d’être appréhendée. Elle est accusée d’avoir assassiné une dizaine d’hommes après les avoir séduits. D’avoir ouvert partout dans le pays une brèche, déclenché une vague de fureur chez les femmes, victimes du capitalisme et de son patriarcat.

Pour tenter de juguler l’épidémie de meurtres, Antoine Petit, jeune psychiatre rongé par une désespérance sourde et aux prises avec l’addiction, est sommé de déclarer Dolorès irresponsable de ses actes. On veut éviter le procès qui entérinerait son statut d’icône. Au fil des entretiens qu’il mène dans un centre pénitentiaire niché au cœur des Alpes, Antoine se confronte alors à Dolorès. Et entre ces deux êtres en déshérence, abîmés chacun à sa manière, se met en place un jeu de dupes aux étranges échos, tissé de colère, d’accablement, de certitude et de doutes. Jusqu’à la vérité.

Fable contemporaine sur la violence induite par le poids de l’oppression, Dolorès ou le Ventre des chiens est un roman noir, amer, une ode à l’embrasement, à l’incandescence des révoltes.

Ce que j’en ai pensé :

Dolorès est une icône malgré elle. Elle a tué une dizaine d’hommes et se retrouve incarcérée mais les meurtres du même types se propagent dans tout le pays. Dolorès mène son combat pour elle-même, elle ne cherche pas la gloire ou la célébrité, elle n’a aucune revendication et n’éprouve aucun remord. C’est une tueuse en jupe courte, talons hauts et maquillage excessif, ce qui plait à ces hommes qu’elle décrit comme des porcs. Elle a juste assassiné des hommes vieux et gras qui représentent la puissance, le capitalisme et l’utilisent des femme comme des objets sexuels parce que l’argent achète tout sauf la vie.

Ce court roman noir alterne entre deux points de vue : celui de Dolorès Leal Mayor incarcérée dans une prison dans les Alpes et celui d’Antoine Petit, un psychiatre embauché non pas parce qu’il est le meilleur mais parce qu’il trouvera une explication aux actes de Dolorès afin de ne pas faire de vague. En effet il ne faudra pas que le procès de Dolorès lui donne encore plus de visibilité alors on dira que ces actes sont le résultats de troubles psychiatriques et d’instabilité, qu’elle n’était pas responsable au moment des actes.

Dans une société qui n’offre que deux choix : se taire et subir ou mener un combat contre le système et laisser s’exprimer la violence, chacun des personnages a fait son choix : Il y a Antoine qui fuit la réalité en se perdant dans l’alcool et la cocaïne, Dolorès qui a laissé exploser sa rage, Zélie la copine d’Antoine qui marche dans le rang de la bourgeoisie, Marion la codétenue de Dolorès qui créé un système dans le système et Pedro l’ami du grand-père de Dolorès qui a combattu le fascisme en Espagne.

C’est une histoire de relation hommes/femmes, une histoire de consentement, de domination, de violence et d’oppression où la parole de Dolorès est puissante et fracassante.

Une note : 08/10

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