Lecture/littérature française

La vie clandestine – Monica Sabolo

La vie clandestine – Monica Sabolo

Gallimard / 21€ / 2022

Quatrième de couverture :

« Je tenais mon sujet. Un groupe de jeunes gens assassinent un père de famille pour des raisons idéologiques. J’allais écrire un truc facile et spectaculaire, rien n’était plus éloigné de moi que cette histoire-là. Je le croyais vraiment. Je ne savais pas encore que les années Action directe étaient faites de tout ce qui me constitue : le silence, le secret et l’écho de la violence. »

La vie clandestine, c’est d’abord celle de Monica Sabolo, élevée dans un milieu bourgeois, à l’ombre d’un père aux activités occultes, disparu dans un mot d’explication. C’est aussi celle des membres du groupe terroriste d’extrême gauche Action directe, objets d’une enquête romanesque qui va conduire la narratrice à revisiter son propre passé.

Comment vivre en ayant commis ou subi l’irréparable ? Que sait-on de ceux que nous croyons connaître ? De l’Italie des Brigades rouges à la France des années 80, où les rêves d’insurrection ont fait place au fric et aux paillettes, La vie clandestine explore avec grâce l’infinie complexité des êtres, la question de la violence et la possibilité du pardon.

Ce que j’en ai pensé :

Au départ, Monica Sabolo voulait parler d’une histoire éloignée de la sienne, celle d’un fait divers qu’elle entend à la radio, l’assassinat de Georges Besse en 1986, le PDG de Renault. Elle va mener son enquête pour en savoir plus sur les deux jeunes femmes inculpées pour ce meurtre, Nathalie Ménigon et Joëlle Aubron.

Pour mener à bien ce projet, elle fait des recherches sur Action directe, un groupe d’anarchiste d’extrême gauche qui revendique plus de 80 attentats et assassinats en France entre la fin des années 70 et le début des années 80. Elle rencontre une vieille libraire parisienne, Helyette Bess qui a « caché et transporté des hommes, des armes, de l’argent, des bombes » pour Action directe ; Claude Halfen, un ancien membre d’un commando mais aussi Nathalie Mérigon libérée de prison en 2008 alors qu’elle était condamnée à perpétuité.

Au fil de son enquête elle se rend compte que cette histoire fait échos à sa propre vie, sa petite enfance en Italie puis son enfance en Suisse auprès d’un homme qui l’adopte et se proclame être son père. L’assassinat de Georges Besse reflète son existence faite de silences, de secrets, de violence et de clandestinité.

Monica Sabolo ne romance pas, elle n’analyse pas non plus, elle cherche juste à comprendre ces être humains qui semble si éloignés les uns des autres et pourtant un jeu de miroir se dessine entre eux où les émotions se reflètent notamment à propos du pardon qui n’est jamais demandé et pourtant qui n’empêche pas de continuer à vivre sans remords.

Une note : 07/10

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